Notre histoire
La présence de l'Église sur le territoire du diocèse de Bathurst s'inscrit dans un passé lointain. C'est en effet en 1619 qu'un Récollet, le père Sébastien, vint évangéliser les Micmacs de Miscou, Nipisiguit (Bathurst) et Miramichi et mourut d'épuisement dans les bois en 1623, alors qu'il se rendait à la rivière Saint-Jean. Il fut suivi quelques années plus tard par un Capucin, le père Balthasar de Paris, qui s'établit dans la région de Nipisiguit et y oeuvra pendant six ans.
En 1635, deux Jésuites, les pères Charles Turgis et Charles du Marché, vinrent jeter les bases d'une mission sur l'île de Miscou et y élevèrent une chapelle. Charles Turgis mourut peu de temps après et fut enterré au cimetière de la mission Saint-Charles. Les restes mortels du premier Jésuite mort de maladie en Nouvelle-France reposent donc en terre acadienne. D'autres Jésuites viendront remplacer les premiers, mais le climat leur étant néfaste, la mission fut transférée à Nipisiguit en 1642, où ils bâtirent une résidence, une chapelle et une "cabane de charité" pour les Indiens malades. Nicolas Denys viendra lui aussi fixer sa résidence seigneuriale à Nipisiguit en 1652, et les Jésuites y demeureront jusqu'en 1663.
Monseigneur de Laval confia, en 1673, cette région aux Récollets, dont le père Chrétien Leclercq, écrivain, fut le plus illustre représentant. Très peu de Français s'établirent dans cette partie de l'Acadie au temps du régime français. Les missionnaires y oeuvraient surtout auprès des Indiens, particulièrement à Miramichi (aujourd'hui Burnt Church) et Richibouctou. C'est ainsi qu'en 1685, ces deux postes bénéficièrent de la première visite épiscopale en Acadie, lorsque monseigneur de Saint-Vallier s'y arrêta, en route pour Port-Royal. L'abbé Thury, des Missions Etrangères, résidait alors à Miramichi. Récollets, Capucins, Jésuites et Prêtres des Missions Etrangères sont donc venus apporter la Parole de Dieu à la nation micmaque dès les débuts de la colonisation en Acadie.
A la suite de la dispersion en 1755, des Acadiens ayant échappé à la déportation ou étant revenus de l'exil, vinrent s'établir en groupes isolés à la baie des Chaleurs, à Miramichi, à Nipisiguit et à Saint-Basile au Madawaska. Privés de prêtres pendant plusieurs années, ils se réunissaient quand même chaque dimanche pour célébrer ce qu'on a appelé des "messes blanches". Un laïc, tel Otho Robichaud de Néguac ou Alexis Landry de Caraquet, baptisait les enfants et unissait les gens en mariage. Quelques Anglais, Ecossais et Irlandais vinrent s'établir au milieu d'eux, mais ils se groupèrent surtout dans le haut de la rivière Miramichi et à Bathurst. Le gouvernement de Halifax accepta d'abord un prêtre catholique pour aider à pacifier les Indiens, puis graduellement, les missionnaires furent autorisés à exercer leur ministère auprès des Acadiens. En 1768, Monseigneur Briand nomma l'abbé François Bailly de Messein, vicaire général de toute l'ancienne Acadie, avec résidence à Halifax. Il sera suivi en 1770 du Père Jean-Baptiste de la Brosse, s.j., qui visita les missions acadiennes jusqu'à Néguac. Après lui, l'abbé Mathurin Bourg, premier prêtre acadien, desservira tout ce territoire à partir de Tracadièche, aujourd'hui Carleton en Gaspésie.
La révolution américaine ayant provoqué le départ de nombreux Loyalistes, plusieurs d'entre eux vinrent s'établir surtout le long de la rivière Saint-Jean, et en 1784, le Nouveau-Brunswick devint une colonie séparée. La population catholique qui augmentait nécessita donc des missionnaires en plus grand nombre. Caraquet, Richibouctou, Saint-Basile dans le nord, furent choisis comme lieux de résidence de ces missionnaires qui rayonnaient de là dans les localités avoisinantes. Au cours des années où la région demeura sous la juridiction de l'évêque de Québec, trois d'entre eux y effectuèrent une visite pastorale, soit monseigneur Hubert qui vint à Caraquet en 1795, monseigneur Denaut en 1803 et monseigneur Plessis en 1811 et en 1812. En 1821, l'abbé Angus-Bernard MacEachern devint évêque auxiliaire et suffragant de Québec pour le Nouveau-Brunswick, l'île du Prince-Edouard et les Iles de la Madeleine et élut domicile à Charlottetown. L'évêque de Québec continua cependant à y envoyer des missionnaires et cela, jusqu'en milieu du dix-neuvième et même jusqu'au vingtième siècle.
Le 10 août 1829, Rome érigea le diocèse de Charlottetown et monseigneur A.B. MacEachern en devint le premier titulaire. Il avait deux vicaires généraux au Nouveau-Brunswick, les abbés William Dollard au nord et Antoine Gagnon au sud. L'évêque de Québec agissait comme vicaire général au Madawaska. La presque totalité des catholiques au Nouveau-Brunswick étaient alors des francophones. Entre 1834 et 1840 cependant, trente mille Irlandais vinrent s'implanter dans cette province. Ceux-ci s'installèrent surtout dans la région de Saint-Jean mais un bon nombre vinrent aussi dans le nord de la province.
Une telle affluence de catholiques allait changer la situation. Le 30 septembre 1842, le Nouveau-Brunswick fut détaché de Charlottetown et érigé en diocèse. Il y avait alors treize prêtres dans la province dont huit Canadien français et cinq Irlandais. Ce fut un de ces derniers, monseigneur William Dollard, qui fut choisi comme premier évêque. Il fut ordonné le 11 juin 1843, et comme il était curé de Fredericton au moment de sa nomination, il y établit sa résidence épiscopale. Quelques années plus tard, il se fixera à Saint-Jean et le diocèse prendra alors le titre de diocèse de Saint-Jean. Le 4 mai 1852, ce diocèse devenait suffragant de la nouvelle province ecclésiastique de Halifax, rompant ainsi les liens plus que séculaires avec le diocèse de Québec.
Lorsque le deuxième évêque de Saint-Jean, monseigneur Thomas-Louis Connolly devint archevêque de Halifax en 1858, il recommanda à Rome de diviser le Nouveau-Brunswick en deux diocèses: l'un au nord comprenant les comtés de Victoria, Madawaska, Gloucester, Northumberland et Kent-nord, avec une population catholique au nombre de 45 000 et un autre au sud, à Saint-Jean, où la population catholique s'élevait à 40 000. Quoique les deux plus grandes paroisses catholiques du nord étaient situées dans les localités francophones de Caraquet et de Saint-Basile, c'est Chatham, dans le comté de Northumberland, à l'extrémité sud du diocèse, qui fut choisi comme siège épiscopal.
Monseigneur James Rogers, jeune prêtre irlandais de 34 ans, devint le premier évêque de ce nouveau diocèse. Né à Mount Charles dans le comté de Donegal en Irlande, le 11 juillet 1862, fils de John Rogers et de Mary Britton, il émigra à Halifax avec ses parents en 1831, âgé de cinq ans seulement. Il fit ses premières études dans cette ville, mais dut se rendre au Séminaire des Sulpiciens à Montréal pour y poursuivre ses études théologiques. Ordonné diacre par monseigneur Ignace Bourget le 14 juin 1851, il reçut l'ordination sacerdotale des mains de monseigneur Walsh le 2 juillet de cette même années. Le jeune prêtre exerça son ministère en Nouvelle-Ecosse jusqu'en 1857, alors qu'il fut envoyé aux Bermudes où il y construisit la première église catholique de ces îles. Rappelé en 1858, il devint secrétaire de l'archevêque, tout en enseignant aussi au collège Saint Mary's de Halifax. Il fut sacré évêque à Charlottetown, le 15 août 1860, par monseigneur Connolly, assisté de monseigneur Mullock de Terre-Neuve, monseigneur McKinnon d'Arichat et monseigneur Sweeney de Saint-Jean. monseigneur Connolly et monseigneur Sweeney se rendirent ensuite avec monseigneur Rogers à Chatham, où il fut installé le 22 août 1860.
Le jeune évêque trouva un champ d'apostolat à la mesure de son zèle et de son énergie. Son vaste diocèse comptait alors soixante missions avec seulement huit prêtres pour les desservir. Les cures étaient situées à Richibouctou, Chatham, Nelson, Tracadie, Caraquet, Shippagan, au village de Bathurst et à Saint-Basile. La population était pauvre et en très grande majorité rurale. La petite ville de Chatham elle-même ne possédait qu'une chapelle. La cathédrale ne sera bâtie qu'au cours de l'épiscopat du successeur de monseigneur Rogers. Tout était donc à organiser. Une portion du "troupeau" attira surtout la compassion de l'évêque : c'était les lépreux de la péninsule acadienne. On les avait d'abord logés dans des baraques sur une île dans la rivière Miramichi, sans aucun soin. Le curé Lafrance de Tracadie obtint finalement des autorités gouvernementales que le lazaret soit transféré à Tracadie, où les pauvres malheureux pourraient au moins bénéficier des secours de la religion et être près de leurs parents. Monseigneur Rogers fit des démarches pour obtenir une communauté de religieuses au Québec et ce furent les Hospitalières de Saint-Joseph qui acceptèrent de relever le défi. C'est ainsi qu'elles arrivèrent à Tracadie en 1868 pour prendre soin des lépreux et autres malades. Elles s'établiront par la suite à Chatham en 1869, à Saint-Basile en 1873 et à Campbellton en 1888.
Un autre domaine en souffrance était celui de l'éducation catholique. Dès 1861, monseigneur Rogers ouvrit une "Académie" pour garçons dans sa propre résidence épiscopale. Quatre-vingt-trois jeunes garçons, des Irlandais pour la plupart, la fréquentèrent dès la première année. En 1864, il obtint quatre Soeurs de la Charité de Halifax, communauté nouvellement fondée, pour enseigner à l'école paroissiale du village de Bathurst, aujourd'hui Bathurst-ouest. Elles durent laisser Bathurst en 1871, mais elles reviendront en 1890. Les Soeurs de la Congrégation Notre-Dame viendront enseigner à Newcastle en 1869, à Bathurst en 1871, à Caraquet en 1874 et à Saint-Louis de Kent en 1874. En 1876, les Frères des Ecoles Chrétiennes de Montréal acceptèrent de venir enseigner au petit collège de Chatham et ils y demeureront jusqu'en 1880. Après leur départ, le Collège fut fermé, faute d'enseignants et il ne rouvrira ses portes qu'en 1910. Enfin, les Eudistes viendront prendre charge du nouveau collège construit par monseigneur Théophile Allard à Caraquet en 1899.
En 1874, l'abbé Marcel-François Richard, curé de Saint-Louis, déçu de ce que le collège Saint-Joseph de Memramcook soit devenu presque anglophone, décida d'ouvrir un collège pour les Acadiens dans sa paroisse, en même temps qu'il fondait une école pour filles confiée aux religieuses de la Congrégation Notre-Dame. A cause d'un malentendu avec monseigneur James Rogers, il sera obligé de fermer son collège en 1882 et il s'ensuivra un long conflit avec son évêque à ce sujet. L'abbé Marcel Richard était devenu le chef de file des Acadiens pour la revendication de leurs droits, et en particulier, pour obtenir de Rome qu'un des leurs accède à l'épiscopat. Les Acadiens formaient la majorité des catholiques dans les provinces Maritimes et surtout au Nouveau-Brunswick, mais les cadres de l'Eglise étaient toujours irlandais. Grande fut la déception des Acadiens quand monseigneur Thomas Barry et monseigneur Timothy Casey furent nommés respectivement évêques coadjuteurs de Chatham et de Saint-Jean en 1899. Déçus et humiliés, les prêtres acadiens, sauf le vicaire général de la cathédrale de Saint-Jean, s'abstinrent d'assister au sacre des deux évêques, le 11 février 1900. Lorsque monseigneur Rogers démissionna en 1902, monseigneur Barry devint évêque de Chatham.
L'abbé Marcel-François Richard fera deux voyages à Rome, en 1908 et 1910, pour plaider la cause des Acadiens auprès du Saint Père lui-même. Le pape Pie X lui promit de leur donner bientôt un évêque et même, lui fit don d'un calice en or comme gage de sa promesse. - Jean-Paul II rappellera avec émotion ce geste symbolique le 13 septembre 1984 à Moncton, en se servant lui-même de ce calice pour la célébration de l'Eucharistie. - Finalement, 1912, un Acadien, monseigneur Edouard LeBlanc, deviendra évêque de Saint-Jean. Mais en 1914, Rome nomma encore un Irlandais, monseigneur Louis O'Leary, comme auxiliaire de l'évêque de Chatham, le plus acadien de tous les diocèses des Maritimes, la population catholique s'élevant alors à 80 927 dont 64 604 étaient d'expression française. Les prêtres acadiens boycottèrent de nouveau le sacre de cet évêque irlandais, qui eut lieu le 11 juin 1914. Par la suite, les démarches des Acadiens se firent de plus en plus pressantes afin d'obtenir que le prochain évêque de Chatham soit de langue française. Monseigneur Edouard LeBlanc fit lui-même un voyage à Rome, et soutenus dans leurs efforts par les évêques du Québec, les Acadiens eurent enfin gain de cause. Mais monseigneur Marcel Richard n'aura pas sur terre la joie de voir ses longs et pénibles efforts récompensés. Il décéda le 18 juin 1916 et fut inhumé au sous-sol du Monument de l'Assomption, qu'il avait lui-même élevé à la gloire de la patronne des Acadiens.
A la mort de monseigneur Barry, monseigneur Louis O'Leary devint évêque de Charlottetown tandis que son frère, monseigneur Henry O'Leary était muté à Edmonton dont il devenait l'archevêque. En 1920, le Saint-Siège nomma monseigneur Patrice-Alexandre Chiasson évêque de Chatham. Celui-ci fit transférer le siège épiscopal de Chatham à Bathurst, site plus central, où il fut intronisé par monseigneur Arthur Melanson, archevêque de Moncton, le 15 mai 1938. Le diocèse fut placé sous le patronage de Notre-Dame de l'Assomption.
Voici un extrait d'un article paru à la une du journal L'Évangéline du 19 mai 1938 et repris dans la publication diocésaine La/The Barque de l'Automne/Fall 2013 pour honorer les 75 ans du transfert du diocèse...
Le siège épiscopal de Chatham ayant été transféré à Bathurst par un décret de la Congrégation Consistoriale, le titulaire du diocèse, Son Excellence Mgr P.-A. Chiasson, devient évêque de Bathurst et son diocèse, à partir de mainenant, sera le diocèse de Bathurst. Sous cette nouvelle désignation, cependant, le diocèse de Mgr Chiasson conserve les mêmes limites qui lui avaient été fixées par le décret du mois de février 1936 et comprend, par conséquent, les comtés civils de Gloucester, Madawaska, Restigouche, Victoria et Northumberlan. Le diocèse de Bathurst compte une population catholique de 110,000 âmes, 113 prêtres séculiers, 10 religieux, 61 paroisses, 2 collèges classiques, 15 couvents, 2 orphelinats, 5 hôpitaux, 9 écoles préparatoires pour garçons (Chiffres empruntés au Canada ecclésistique de 1937). Mgr Chiasson, qui est né en 1867, a été sacré évêque en 1917 (octobre) et intronisé à Chatham au mois de décembre 1920. Sur le siège de Chatham, il a succédé à feu S. G. Mgr Thomas Barry.
Aujourd'hui en 2015, le diocèse de Bathurst s'étend de Glen Levit au Restigouche en passant par la région Chaleur jusqu'a l'ile de Miscou dans la Péninsule Acadienne. Nous sommes un diocèse francophone au service de 56 paroisses dynamiques et vivantes, où de ce nombre dix sont anglophones.
Armoiries du Diocèse

Son Exc. Mgr Camille LeBlanc a fait préparer des armoiries pour le diocèse de Bathurst par le Père Dom William Bayne, bénédictin, et le Frère Gérard Brossard, assomptionniste.
Voici les explications héraldiques telles que fournies par les deux religieux experts dans cet art, tiré d'un article paru dans le journal L'Évangéline du 18 janvier 1945 et repris dans la publication diocésaine La/The Barque de l'Automne/Fall 2013...
BLASON - D'or à la croix quadrante d'azur chargée en coeur d'une étoile à cinq rais d'argent, à la campagne ornée d'azur et d'argent de cinq pièces : au chef de gueules au lion passant d'or.
Trois idées principales sont représentées dans ce blason : le Sacré-Coeur, titulaire de l'église cathédrale de Bathurst; la Vierge Marie dans son Assomption patronne du peuple acadien; le Nouveau-Brunswick où se trouve situé le diocèse.
I : Le titulaire de la cathédrale est figuré par la croix, instrument de la Rédemption : sa couleur est bleue pour rappeler la part que la Bienheureuse Vierge marie y a prise, puisqu'on l'appelle la co-rédemptrice du genre humain.
II : La Vierge marie, patronne du peuple acadien, sous le vocable de son Assomption, est en place d'honneur sous le symbole d'une étoile qui rappelle avec les flots en bas de l'écu le chant national des Acadiens : "L'Ave Maris Stella". Ces flots rappellent aussi qu'une grande partie de la population a comme principale industrie, la pêche. Le tout est sur un fond d'or, la courleur des parvis célestes.
III : Pour rappeler que le diocèse de Bathurst est situé dans la province civile du Nouveau-Brunswick, le chef des armoiries de cette province figure dans le blason diocésain.
Par le choix de ses couleurs, le blason de Bathurst est surtout d'inspiration mariale, parce que justement le peuple acadien est un peuple marial, si l'on peut dire ainsi.